Fiche de danse

Gavotte et bal mode Brasparts - Saint-Rivoal

Terroir

Pays Rouzig - Brasparts - Saint-Rivoal

Vidéos et musiques

   

Rédacteurs

Fiche de danse rédigée en 2015 par Michel
Cazuguel à partir du collectage fait dans les
années 1970 auprès des anciens de Brasparts et Saint-Rivoal, et mise à jour en 2019.

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Famille de danses

Gavotte

Structure de la danse

Suite tripartite

Accompagnement traditionnel

Kan ha diskan
Binioù Kozh-Bombarde

Forme de la danse

Appellation

Cette gavotte du pied droit prend le nom des deux communes où elle était dansée selon cette mode : Brasparts et Saint-Rivoal.

Situation géographique et historique

On ne trouve pas de signification particulière au nom « Bidar », si ce n’est dans l’opposition au pays « Dardoup » (Châteauneuf-du-Faou…). A Pleyben par exemple, les habitants se disent être des « Bidars » et surtout pas des « Dardoups ». On peut toutefois penser que le terme « Bidar » pourrait venir d’une déformation du breton Bed-Are (monde, pays de l’Arrée) ou Bet-Are (a été de l’Arrée).
Le pays Bidar est l’une des trois composantes du terroir Rouzig avec au sud le pays Rouzig (communes riveraines de l’Aulne), et à l’ouest le pays Kernevodez (autour d’Hanvec). Il comprend globalement les communes situées entre le nord de l’Aulne et l’ouest de la montagne d’Arrée, à savoir : la grande partie nord de Pleyben, l’ouest du Cloître-Pleyben, Lannédern dans sa totalité, la plus grande partie ouest de Loqueffret, Brasparts et Saint-Rivoal, ainsi que la partie montagneuse du nord de Lopérec.
Ces limites restent d’ailleurs approximatives en matière de danse avec des superpositions sur les marges. Ainsi, Loqueffret, Lannédern, le Cloître-Pleyben, et Pleyben subissent l’influence des pays de « gavotte du pied gauche ». De la même manière l’apport léonard semble évident à Brasparts et Saint-Rivoal.

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Informateurs, témoignages et transmission

Cette danse a été pratiquée jusqu’à la fin des années 1960
dans la région de Brasparts - Saint-Rivoal et relancée au
début des années 1970 sous l’impulsion de François Quélen
(1914-2008), pharmacien à Brasparts et ancien responsable
du cercle celtique de Brasparts dans les années 1950. Il faut savoir qu’à la fin des années 1960, le terroir subissait l’influence de la gavotte du pied gauche (sous l’impulsion de Loeiz Ropars) et les jeunes considéraient que les anciens ne savaient pas bien démarrer la danse.
Nous n’étions pas assez attentifs au rythme donné par nos vieux chanteurs (Pierre Jean Motreff, Jean Broustal, Jean Robin...) pour se rendre compte que le temps fort de la phrase musicale était au début de la phrase, contrairement à la gavotte du pied gauche. La lecture de La tradition populaire de danse en Basse Bretagne de Jean Michel Guilcher a permis de compléter les informations de François
Quélen.

Gavotte dans les années 1970 menée par Jean Le Crann.
Collection Michel Cazuguel

Marie Salaun (née Coz, 1899-1985), considérée comme  une très bonne danseuse, fut de bons conseils ainsi  qu’Anna Martin (née Broustal, 1929-), et André Moal  (1933-2009). Anna Martin et André Moal ont dansé au  cercle celtique de Brasparts. Les Chanteurs de Brasparts  des années 1970 (Yves le Floc’h, André Moal, Yves Goff,  Paul Martin, Marcel Morvan, Gérard Moreau) et notre accordéoniste  Victor Tromeur avaient à leur répertoire ces  chants et musique du terroir. A noter que Guy Cazuguel  (Brasparts) et Robert Le Crann (saint Rivoal) ainsi qu’exceptionnellement  Michel Cras (Brasparts) continuent à  chanter ces airs de gavotte.
Pour information, cette gavotte a été remise au goût du  jour au premier concours de gavotte de Menez Meur en  1989 avec Yves Le Floc’h, André Moal, Guy Cazuguel et  Robert Le Crann. En 1999 nous avons réuni tous les anciens  (chanteurs, danseurs, sonneurs, accordéoniste) des  années 1970 à Saint-Rivoal pour faire une soirée sur les  danses de notre petit pays.

Occasion de danse

Le plus souvent la gavotte était dansée à l’occasion d’assemblées, de travaux d’entre-aide, de mariages, pardons, foires…

Origine et famille de danse

Cette suite de gavotte fait partie des gavottes en chaîne ouverte qui se sont dansées au nord de L’Aulne. Dans son livre La tradition populaire de danses en Basse Bretagne, Jean-Michel Guilcher indique les limites de cette danse.

Forme et structure de la danse

La suite gavotte est composée de trois parties : « tamm kentañ » (ton simpl) avec un appel à la danse, le « tamm kreiz » (bal) et le « tamm diwezhañ » (ton doubl). La gavotte se danse en chaîne longue ouverte, un cavalier menant la chaîne et un autre la terminant.

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Tenue et mouvement des bras

Les cavaliers et cavalières se tiennent par la main, le bras droit sur le bras gauche de la personne qui suit, à mi-hauteur (comme dans la gavotte dite « montagne »).

Tamm kreiz de la suite gavotte de Brasparts lors du tournage de la vidéo Kendalc’h du 3 mars 2018 à Pleyben

Technique de pas

Gavotte

Les danseurs sont orientés vers la gauche et se déplacent latéralement en évitant les mouvements en dent de scie (avancer/reculer). La danse se fait pieds à plat.
Temps 1 : Posé du pied droit légèrement devant par rapport à la ligne de danse.
Temps 2 : Marqué par une surrection du pied droit posé au sol et fléchissement de la jambe gauche avec pied levé sans exagération. Le levé du pied gauche est très léger pour la cavalière.
Temps 3 : Prise d’appui marqué du pied gauche à gauche.
Temps 4 : Ramener le pied droit près du pied gauche.
Temps 5 et : Prise d’appui du pied gauche à gauche, le pied droit prend alors sa place pour se poser aussitôt. Il y a toujours un pied en contact avec le sol.
Temps 6 : Le pied gauche se pose (il n’y a pas d’arrêt sur les temps « 5 et 6 »).
Temps 7 : Ramener le pied droit près du pied gauche.
Temps 8 : Prise d’appui du pied gauche à gauche.

La danse doit donner une impression de continuité entre la fin d’une phrase et le début d’une nouvelle. Il n’y a pas d’arrêt au temps 8. Les bras doivent suivre le mouvement du corps, il faut éviter de donner un mouvement de balancier aux bras. Sur le ton doubl de la gavotte, la danse est plus dynamique, ce qui donne l’impression d’un léger « chassé » entre les temps 3 et 4. Parfois, suivant les airs chantés, on pouvait retrouver cette forme également dans le ton simpl.

Tamm kreiz

On danse en rond en se tenant par le petit doigt.

Première partie : La balade (16 temps)

La ronde tourne en pas marché latéral. Départ pied droit ou gauche. Les bras balancent sans exagération.

Deuxième partie : La gerbe (16 temps)

Départ pied droit. Déplacement vers le centre de la ronde en 4 pas, puis recul en 4 pas pour revenir à sa place initiale.
Ce mouvement se fait deux fois. Au temps 16 on termine pied gauche et pied droit en appui et on ramène les bras en bas pour pouvoir enchaîner la balade. Pendant la gerbe, les bras sont vers l’avant comme pour une gerbe de jabadao et suivent le mouvement du corps, en évitant au maximum les grandes amplitudes. Au temps 4, lors de la surrection sur le pied droit, les bras accompagnent le mouvement.

Style

Il ne doit pas y avoir de rupture entre la fin d’une phrase et le début de la suivante. Les bras suivent le mouvement  du corps sans à-coups et sans mouvements exagérés. Au  bourg de Brasparts, le déplacement de la chaîne était plus  « coulé » (un peu similaire à la gavotte côté Châteaulin). Les deux danseurs (Charles Meur, tailleur, et sa femme)  filmés par Jean-Michel Guilcher donnent une idée de  ce style. Vers Saint-Rivoal et au bourg, le déplacement  est plus dynamique. Les deux danseurs (Jean Broustal,  cultivateur, et sa fille) filmés par Jean-Michel Guilcher  donnent une idée de cet autre style. Il ne faut pas oublier  que dans une chaîne et suivant l’âge des danseurs,  leur condition physique et leur position dans la société,  le style pouvait être différent avec une même structure  de pas. Par contre, les anciens insistaient pour éviter,  même si la chaîne serpentait, d’avoir des mouvements  de vague (avance-recul). Remarque : le meneur pouvait  se permettre quelques fioritures (celui qui menait était  considéré comme un très bon danseur).

Accompagnement musical

Le tempo de la gavotte est d’environ 140, variable suivant les chanteurs et sonneurs. Autrefois la suite gavotte était surtout chantée, mais elle pouvait être sonnée (couple biniou/bombarde). Victor Tromeur, né en 1922, la jouait à l’accordéon chromatique. Dans un document de Frédéric Le Guyader : Noces Bretonnes au Pays de Cornouailles, il est indiqué qu’au bourg de Brasparts on faisait appel à des sonneurs pour faire danser. A la fin des années 1990, Jean Le Crann (1946-2008), auteur d’un mémoire sur la société rurale dans la Montagne d’Arrée : « Saint Rivoal au début du XXe siècle », a formé un groupe de chanteurs (Kanerien Sant Riwall) pour reprendre également les différents airs des danses pratiquées dans le pays de Brasparts - Saint-Rivoal.  Ce groupe continue le travail de Jean Le Crann mais a  changé de nom pour s’appeler Paotred ar Riwall.

Chanteurs de Brasparts dans les années 1970.
Collection Michel Cazuguel
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CD de référence

Paotred ar Riwoal enregistrés le 3 mars 2018 à Pleyben
01 - Gavotte - ton simpl - War duchenn Sant-Mikel
02 - Gavotte - tamm kreiz - E Sant-Riwall benniget
03 - Gavotte - ton doubl - Ma mestrez a zo ken kaer
Airs chantés par les chanteurs de Brasparts (Yves Le Floc’h, André Moal, François Martin)
04, 05, 06 - Suite gavotte du pied droit - ton simpl, tamm kreiz, ton doubl

 

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Mode vestimentaire

Selon René-Yves Creston, le costume de Brasparts et de Loqueffret, bien que classé dans le groupe des modes Rouzig, se différenciait au XIXe siècle, en raison de l’influence des modes de la Montagne d’Arrée. Après les années 1850, les descriptions et les photographies faites des costumes de Brasparts, montrent des costumes de paysans apparentés
au costume du pays Rouzig tant pour l’homme comme pour la femme. La guise féminine de Brasparts portée depuis les années 1860 comporte les mêmes éléments que celle portée dans le pays de Châteaulin : un tablier à bavette, un corsage et une jupe en drap noir, avec au bord des manches et au bas de la jupe une bande de velours. Un col en mousseline agrémente le corsage. 

Marie-Jeanne Quéau et sa famille.
Collection Jeanne Cazuguel

La mode de Brasparts se différencie  par un croisé dont le haut est arrondi et épinglé sur  le devant du corsage et par une coiffe aux ailes rondes et  relevées. Pour ce qui est du costume des hommes, ceux-ci  portent un pantalon, une veste descendante jusqu’au bas  des reins, avec une seule rangée de boutons, un gilet bordé  de larges bandes de velours et une ceinture de mérinos  bleue sans attache apparente. Sans oublier le chapeau en  poil ou laine feutrée, de couleur noire avec de larges bords  recouverts en partie de velours relevés sur les côtés. La calotte  est serrée par un ruban de velours attaché à l’arrière  par une boucle cuivrée ou argentée. Ce costume sera porté  jusqu’en dans les années 1914-1918 et délaissé peu à peu  au profit du costume citadin.

Ressources

• Guilcher Jean-Michel, La tradition populaire de danse en Basse Bretagne
• Le Crann Jean, Saint-Rivoal au début du XXe siècle
• Les chanteurs Paotred ar Riwall, Guy Cazuguel et Robert Le Crann

Remerciements

Michel Cazuguel remercie toutes les personnes qui lui ont transmis cette danse : François Quélen (1914-2008) pharmacien à Brasparts et ancien responsable du cercle celtique dans les années 1950, Marie Salaun née Coz (1899-1985), Anna Martin née Broustal, André Moal (1933-2009), Jean Le Crann (1946-2008) et des chanteurs de Brasparts

Rappel

La Commission danse de Kendalc’h tient à rappeler un certain nombre d’éléments qui prévalent à l’élaboration de cette  fiche de danse. Il en est strictement de même pour toutes les fiches à ce jour publiées. La version proposée dans une fiche de danse fait suite à une étude longue, profonde et sérieuse qui s’appuie sur des sources et témoignages fiables. Cette fiche qui se veut un témoignage intangible, valorise une version, probablement la plus répandue de cette danse. Mais tout naturellement, même si nous la considérons comme majeure,  cette version ne peut en aucun cas se prévaloir d’être l’unique version, il peut exister des variantes, liées à l’époque de référence, les lieux, l’âge et l’implication des personnes qui ont été porteuses de cette tradition et qui nous l’ont transmise.  Penser différemment, serait totalement contraire à l’éthique qui entoure notre action vis-à-vis de notre environnement patrimonial.