Appellation

L’appellation de ce quadrille vient du fait que la source principale est Félix Aoustin, briéron de la commune de Saint-Joachim.

Situation géographique et historique

Ce quadrille était dansé dans les communes de Saint-Joachim et de Saint-Malo-de-Guersac. Il est relativement récent.

Informateurs, témoignages et transmission

Ce quadrille a été collecté par Marie-Paule Boyer, Christine Viaud et Raphaël Garcia du cercle breton de Nantes, en 1982 à Saint-Joachim, auprès de Félix Aoustin (1905 - 1999), brièron originaire du pays. Cet écrit reprend les informations publiées en 1984 par le cercle breton de Nantes dans le recueil « Quadrilles et autres Danses du Pays Nantais ».
À cette époque, le quadrille a été dansé par Marie Caléno (78 ans, de Saint-Malo-de-Guersac), Andrée Troffiguer (62 ans, de Saint-Malo-de-Guersac), Herminien Fourré (75 ans, de Saint-Malo-de-Guersac) et Félix Aoustin (75 ans de Saint-Joachim).
Par la suite, Félix Aoustin transmettra ce quadrille à d’autres danseurs, notamment de Saint-Joachim, venus le rencontrer. On lui doit également la transmission d’une ronde jeu dite « ronde du petit moine » ou encore d’une ronde à trois pas, ainsi que de nombreux chants (notice Dastum n°11027606).

Occasion de danse

Ce quadrille se dansait encore avant la guerre de 1940 dans les mariages notamment et surtout au « retour de noce ». Il a continué à être dansé un peu après-guerre, jusque dans les années 50, comme en atteste le témoignage recueilli en 2014 auprès de Mme Marie-Thérèse Broband, 85 ans, originaire de Saint-Malo-de-Guersac, qui connaissait l’air de ce quadrille et se souvenait l’avoir vu danser dans sa jeunesse, sans l’avoir dansé elle-même.

Origine et famille de danse

Dès la fin du XVIIIe siècle, étant donné la profusion des contredanses, on va commencer à les regrouper sous l’appellation de pots-pourris. Petit à petit, on va les stabiliser pour aboutir, vers 1850, à l’élaboration de quadrilles ordonnés avec cinq figures (pantalon, été, poule, pastourelle, une figure libre souvent un galop). Nous retrouverons pour ce qui nous concerne les quadrilles du Comté nantais (Guénouvy-Conquereil, Grandchamp-des-Fontaines, Malville, Basse-Indre) ou encore celui de Saint-Brieuc.
Il est bien évident que l’arrivée en haute-Bretagne, puis surtout la pratique du quadrille en tant que formule-type sont nettement plus tardives que celles de l’original, si original, il y a. Cela va induire deux conséquences plutôt heureuses. La première est que même si la dissociation est apparente  entre les quadrilles dits de première génération et ceux de seconde génération, il arrive que l’on puisse rencontrer dans celui-ci ou celui-là des éléments épars, empruntés au modèle qui n’est pas celui de l’origine. La seconde conséquence est celle qui fait la richesse de l’emprunt et le fortifie, c’est que ces quadrilles ont intégré de façon plus ou moins sensible, en s’implantant, ce qui se faisait localement préalablement. Ainsi on va retrouver des pas, des paroles, des postures, des appellations qui au final vont faire de ces quadrilles dits au départ français ou américains des danses totalement spécifiques chez nous, danses qui font partie intégrante de notre culture populaire et traditionnelle.

Forme et structure de la danse

 Ce quadrille est composé de quatre figures :

• En avant-deux
• Pastourelle - poule
• En avant-quatre - petit galop
• Grand galop - rond

Il se pratique en quadrettes. Dans le couple, le cavalier est à droite et la cavalière à gauche (mais l’inverse était aussi possible). Les quadrettes sont alignées sur deux lignes, face à face. Les figures sont annoncées par le sonneur. Lors des noces, c’était le cavalier qui faisait face à la mariée qui s’avançait en premier dans la pastourelle, puisque la mariée faisait « pastourelle » en premier, et dans l’en avant-quatre, c’est le couple avec la mariée qui commençait. Les trois premières figures sont doublées.

Figures

En avant-deux

« En place pour le quadrille. En avant-deux ! »
Les couples traversent sur 8 temps, les hommes passent à l’extérieur et chacun se retourne sur les 2 derniers temps en fin de trajet, par la droite. Le départ se fait du pied gauche. Les cavaliers et cavalières se croisent face à face. Puis même chose dans l’autre sens. Une variante possible : quelquefois, au lieu de traverser, les couples se tenaient par la taille et s’avançaient simultanément sur 4 temps, se saluaient au milieu et reculaient sur 4 temps.

« Balancez ! »
Pas de pivot sur 16 temps.

« En avant-deux on r’commence ! »

Pastourelle  - poule

« Pastourelle ! »
Un premier couple en vis-à-vis danse. Sur 8 temps, le cavalier, main gauche à la taille, va chercher sa cavalière en vis-à-vis à tout petits pas et en présentant la main droite sur les 4 derniers temps. La cavalière la saisit avec sa main droite et le couple recule en 4 temps au centre de la quadrette. Puis sur place, sur 4 temps, le cavalier fait tourner sa cavalière sous son bras droit.

« Balancez ! »
Pas de pivot sur 16 temps.

« Poule 1ère ! »
Les couples, « tête-bêche » vont former une ligne perpendiculaire aux lignes de départ pendant 16 temps. Le couple du milieu se donne la main droite, et prend de la main gauche la main gauche du cavalier ou de la cavalière qui n’a pas évolué. Les danseurs balancent les bras d’avant en arrière et c’est le cavalier du milieu qui donne la première impulsion vers l’avant. Les pieds marquent le pas sur place.

« Balancez ! »
Pas de pivot sur 16 temps.

« Pastourelle on r’commence ! »

En avant-quatre - petit galop

Un couple de la quadrette commence à danser.
« En avant-quatre ! »
Le couple qui commence se donne la main gauche et s’avance en 8 temps vers l’autre couple. Le cavalier prend la main droite de la cavalière du couple qui attend, et sur 8 temps il revient en reculant en amenant les deux filles, qui se sont tournées dans le sens de la marche. Le cavalier seul suit.
Juste avant l’annonce « Cavalier ! » , le cavalier seul saisit les mains libres des deux cavalières par dessus et à « cavalier » les cavaliers font pivoter les filles. Les quatre danseurs repartent dans l’autre sens, les cavalières toujours dans le sens de la marche, puis deuxième « Cavalier ! » et de nouveau déplacement en changeant de direction. La figure de termine au centre de la quadrette.

« P’tit galop ! »
Les quatre danseurs forment un moulinet au centre, les cavalières se donnent la main droite au-dessus de celles des cavaliers. Plusieurs pas possible pour cette figure, soit pas de pivot, soit pas marché sur 32 temps. Il est possible également de faire 16 temps dans un sens et 16 temps dans l’autre.

« Balancez ! »
Pas de pivot sur 16 temps pour retourner à sa place.

Variante possible pour l’en avant-quatre : le couple qui « va chercher » ne se donne pas la main. Le garçon d’en face donne sa main gauche à sa partenaire et la main droite à l’autre cavalière, les cavalières se placent dans le sens de la marche. Ils avancent tous les trois tandis que l’autre cavalier recule les bras le long du corps. A « cavalier » le cavalier seul saisi les mains libres des cavalières et les fait pivoter. A la fin du pivot, le cavalier qui va reculer relâche les mains des cavalières et recule seul, les bras le long du corps, pendant que les trois autres avancent. Idem au deuxième « cavalier ».

« En avant-quatre on r’commence ! »

Grand galop - rond

« Grand galop ! »
Ronde en cortège, sens inverse des aiguilles d’une montre. Le cavalier est à droite, la cavalière à gauche, à l’intérieur de la ronde. Le cavalier pose la main gauche sur l’épaule gauche de la cavalière ou sur son épaule droite.

« Rond partout ! »
Ronde dans le sens des aiguilles d’une montre. La ronde se resserre et s’élargit. Lors du collectage, le pas de cette ronde n’a pas pu être bien défini, il semble que les danseurs croisaient alternativement le pied droit devant puis derrière le pied gauche, soit : pose pied gauche, pose pied droit croisé devant, pose pied gauche, pose pied droit croisé derrière. Bras balancés.

« Balancez ! »
Pas de pivot sur 16 temps.

Technique de pas

Pour toutes les figures : le pas marché
Pour les valsés : le pas de pivot, pieds intérieurs accolés.

Variantes

Il est à noter que M. Joint et Mme Péponnet ont collecté en 1962 un air joué à l’accordéon (nom du musicien non référencé) dit « quadrille de Saint-Joachim » déposé à Dastum (notice n°26729303). Il se trouve que l’air de cet enregistrement est très proche de l’air collecté pour le quadrille de Pontchâteau. Les éléments techniques de la danse, notés à cette époque, montrent des similitudes avec le quadrille collecté en 1982 et le quadrille de Pontchâteau. La poule est assez proche de la pastourelle-poule du quadrille de Saint-Joachim collecté en 1982 alors que la pastourelle se rapproche de la pastourelle du quadrille de Pontchâteau, notamment les tournés des cavalières sous les bras des cavaliers. Il y a également une figure de plus (un en avant-quatre après les poules) comme dans le quadrille de Pontchâteau.

Accompagnement musical