Fiche de danse

Suite du pays de Calanhel

Terroir

Calanhel

Vidéos et musiques

 

Rédacteurs

Cette fiche de danse, mise à jour en 2014, reprend en grande partie tous les éléments contenus dans les fiches techniques de 1974 et 1982, années où cette danse a été danse imposée au concours de Kendalc’h. Ces fiches précédentes avaient été élaborées conjoin-
tement par Georges Paugam de la CDK et Robert Le Bastard en s’appuyant sur les travaux d’enquête et d’étude de ce dernier.

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Famille de danses

Gavotte

Structure de la danse

Suite tripartite

Accompagnement traditionnel

Kan ha Diskan
Treujenn-gaol

Forme de la danse

Cercle celtique de Pommerit-Le Vicompte, Tradi'deiz 2016

Situation géographique et historique

Ce petit pays, chevauchant jadis deux évêchés, Trégor et Cornouaille, n’a d’identité ni historique ni géographique. Il s’agit en fait d’un territoire où la suite tripartite a été conservée. Il comporte cinq à six communes ou partie de communes, comprises entre trois forêts : forêt de Saint-Servais, Saint-Nicodème (dite du bord de Duault), forêt de Beffou (Koat an noz, Koat an Nay), forêt de Fréau. Ce sont très souvent les éléments naturels qui marquent les frontières entre les danses : forêts, marais, montagnes, fleuves, landes. Il s’agit du territoire d’une gavotte, dont la particularité est un changement de pas aux temps 5 et 6, alors qu’il a lieu aux temps 3 et 4 ou 4 et 5 dans le pays Montagne et en 4 et 5 en pays Fisel. Cette danse couvre les communes de Carnoët, Lohuec, La Chapelle-Neuve, Plourac’h, Plusquellec, Calanhel, Callac et peut-être aussi les hameaux sud de Plougras et l’extrême est de Bolazec. Malgré une frontière commune au nord avec la Dañs plaen, elle n’a pas subi d’influence, ces deux danses ayant des structures et des styles bien différents. De plus, sa situation en Trégor lui a permis de résister à la pénétration de la gavotte cornouaillaise.

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Informateurs et témoignages

Robert Le Bastard s’est appuyé sur les témoignages de :
De Lohuec : Jean Ebrel, Mme Jean Ebrel, Jean Leroux, Yves Lirzin. Mme Yves Lirzin
De Callac : Eugène Coulouarn, Eugène Le Bastard
De Plusquellec : Albert Guenegou, Anne Thomas
De Calanhel : Yvonne Le Bastard, Ange Riou, Auguste Lozac’h
De Plourac’h : Maria Larvor-Gueguen, Job Gueguen
 

Les Le Bastard, trois générations de chanteurs de kan-ha-diskan.

Origine et famille de danse

Cette « dañs-tro » entre dans la grande famille des gavotte dont la danse mère est selon toute vraisemblance le trihori. Elle est aussi la plus orientale de toutes. Peu soumise aux influences des danses voisines, sa formule et notamment sa subdivision en 5 et 6 fait qu’elle est la plus proche de l’archétype qu’est le trihori. Ayant une frontière commune au nord avec la Dañs plaen, de structure et de style notoirement différents, elle n’a pu subir ni modification, ni osmose. Sa présence en cette région intégrée au Trégor a pu offrir une moins grande perméabilité à la pénétration de la gavotte cornouaillaise.

Forme et structure de la danse

C’est une ronde (hommes et femmes alternés), qui entre dans une suite tripartite obligatoire : dañs-tro, tamm kreiz, dañs-tro. On parle souvent de ton simpl et ton doubl, mais c’est une notion d’accompagnement musical et non de danse. Cette suite respecte le cérémonial habituel en pays de gavotte. Les chanteurs avec leur cavalière sont sur l’aire à danser et entonnent l’appel à la danse, les danseurs les rejoignent, couple par couple. Lorsque chanteurs et danseurs (environ cinq à six couples) sont en place, la ronde se ferme. Les chanteurs restent côte à côte (avec leur cavalière), on ne les sépare jamais. Les sonneurs pratiquent de même : ils entonnent l’appel à la danse, et la gavotte démarre une fois que les danseurs ont fermé la ronde.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Tenue des mains et mouvement des bras

Les hommes et les femmes se tiennent par le bras, le bras droit sur le bras gauche du danseur suivant. Les bras sont pliés, avant-bras pratiquement horizontaux, les coudes tirés en arrière (sans exagération), poignets contre les dernières côtes. Cette bonne tenue des bras permet aux danseurs de rester face au centre de la ronde, perpendiculairement à la ligne de danse. Le déplacement de la ronde se fait donc latéralement, vers la gauche, les pieds orientés vers le centre.
Pendant la balade (tamm kreiz), les bras balancent en bas, tenus par les petits doigts. A la fin de la balade, les danseurs sans se lâcher les mains, s’orientent dans le couple légèrement l’un vers l’autre, sans être face à face. Les bras intérieurs montent et les bras extérieurs au couple restent en bas.

Technique de pas

La gavotte

Ceci est la description schématique de la formule de base majoritairement dansée. La danse peut se diviser en deux parties :
Du temps 1 au temps 5 : les danseurs progressent latéralement en légers rebonds d’un pied sur l’autre
Du temps 5 au temps 8 : les danseurs restent sur place.
Temps 5 et 6 : En appui sur le pied gauche au temps 5, le danseur exécute un changement de pas G-D-G.
Temps 7 - 8 : le danseur prend appui sur le pied droit et exécute un double repliement de la jambe gauche libre.

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Le tamm kreiz (bal ancien)

Temps 1 : Les danseurs démarrent pieds intérieurs au couple : le garçon du pied droit, la fille du pied gauche. Les bras intérieurs au couple sont portés vers l’avant en décrivant un arc par le haut. Les prises d’appuis se font légèrement en avant. Pendant ce temps l’autre pied décolle un peu du sol. Le couple s’ouvre légèrement.

Temps 2 : Prise d’appui sur le pied gauche pour le garçon, sur le pied droit pour la fille. Les bras restent en avant, à hauteur d’épaules.

Temps 3 : Prise d’appui sur le pied droit pour le garçon, sur le pied gauche pour la fille. Les bras reviennent en arrière (sur le cercle de danse). Le couple se referme légèrement comme dans la position du départ, pied légèrement en retrait de la ligne de danse. L’orientation des pieds (D pour garçon, G pour fille) suit celle des corps, sans exagération (pas de face à face).

Temps 4 : Prise d’appui sur le pied gauche pour le garçon, sur le pied droit pour la fille.
Cette formule se répète quatre fois.

Les deux derniers temps 15, 16 : les appuis 15 - 16 se font face au centre de la ronde, sans dépasser le cercle de danse. Au dernier temps (16), le garçon va claquer le pied gauche, après avoir levé franchement la jambe. La fille se contente de marquer le temps. Les bras redescendent au 16ème temps, pour la balade suivante.

Remarques générales : les prises d’appuis se font en avant, sans excès. Les pieds (G pour fille, D pour garçon) se portent sur la ligne de danse, voire très légèrement en arrière. Le corps se porte au dessus du pied en appui. Les genoux restent souples.

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Style

La danse est souple, rebondissante en aucun cas saccadée. Dans la première partie où elle progresse, les prises d’appuis sont autant de prises d’élan qui permettent au danseur de se projeter latéralement, d’un pied sur l’autre, avec toutefois une élévation verticale, aidé en cela par un important travail de ressort des genoux qui s’élèvent modérément vers l’avant, sans tomber pour autant dans un ridicule pédalage. La jambe se replie plutôt sous le danseur que franchement vers l’arrière (il convient ici d’oublier le style Fisel).
Chez les femmes, nous avons observé plus de sobriété, moins d’élévation également. Peu de broderies, mais avec un respect de la formule de base.
Dans la formule de la danse retenue ici, les appuis au sol se prennent sur la demi-semelle. Toutefois, le talon peut venir en contact avec le sol.
N.B : Il est bon de préciser que la version exposée ici est l’une des deux principales, l’autre présente une subdivision en 5 et 6 irrégulière. Elle pourra faire l’objet d’une étude, ultérieurement. Des variantes (fioritures ? pas personnels ?) ont aussi été observées : bien qu’à ne pas négliger, elles n’ont pas été retenues pour notre étude.

Accompagnement musical

L’accompagnement en faveur, d’ailleurs le plus utilisé actuellement est sans conteste le kan ha diskan, respectant en cela la technique d’accompagnement des pays de gavottes : ton simple, tamm-kreiz, ton double. L’accompagnement instrumental se fait au treujenn-gaol, en solo ou en couple (suivant les règles du kan ha diskan). Il existe encore de vieux sonneurs qui ne sont plus en activité. Le couple binioù kozh-bombarde n’est pas connu en cette région. Il ne semble pas qu’il y ait eu des thèmes spécifiques à ce petit pays. Les thèmes communs à la Haute-Cornouaille sont donc utilisés : Metig, Ar minor, An durzhunell, Ar serjant major, etc. Les tons utilisés, s’ils ne sont pas forcément originaux, doivent être sonnés ou chantés, en s’adaptant à la prosodie musicale, collant au mieux avec la rythmique de la danse (respect du 5 et 6 principalement). Le style de jeu s’apparente à celui de la clarinette car sans à-coups, bien roulé. Rappelons pour terminer que le tempo est un plus rapide que celui de la gavotte des Montagnes : 160 à 165 pulsations à la minute.

CD de référence

Suite du pays de Calanhel - kan ha diskan - Bastard père et fils - Plusquellec - 12 octobre 2014

  1. Gavotte Calanhel - ton simpl

  2. Gavotte Calanhel - bal

  3. Gavotte Calanhel - ton doubl et podoù fer

  4. Gavotte Calanhel - Louis Lallour et Marie-Claire Le Corre - Plourac’h - 19 mai 2012

  5. Gavotte Calanhel - Bastard père et fils - Kergrist-Moëlou - 19 octobre 2013

  6. Gavotte Calanhel - Bastard père et fils - Poullaouen - 19 septembre 2009

 
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Ressources

A propos du Kan-ha-diskan

Sœurs Coulouarn - Fest-noz nevez - Ar folk - Vinyle 30 cm. SB 320-321
Bastard père et fils (et petit-fils) - Kan 2 - Kan ar bobl 1988 - cassette niv. 101
Le Lay-Domaz, Bastard père et fils - RKB - Printemps de Châteauneuf-du-Faou
Le Gloan / Guegan - Mouez Breizh - 45 tours
Mais aussi des enregistrements de Louis Lallour, Le Boulch père et fils, et les frères Le Boulc’h


Robert Le Bastard, entouré de ses deux frères, son père et son fils.

A propos de la clarinette

  • Yann Thomas (clarinette), et Jean-Claude Le Lay - Dastum bro Dreger : Gavottes en Trégor
  • Livret-cassette - Clarinettes et anciennes danses populaires du Trégor - Dastum

En vidéo

  • Film Super 8 du 11 octobre 1981 de Georges Paugam - Danseurs de Plourac’h, Plusquellec, Calanhel, Lahuel
  • DVD et CD « Danses de toutes les Bretagnes Vol 2 » - Haute-Cornouaille - éditions Kendalc’h - 1991

Livres

  • Montjarret Polig - Tonioù Breizh-Izel - Recueil de partitions
  • Guilcher Jean-Michel, La tradition populaire de danse en Basse-Bretagne, Coop Breizh - Chasse-Marée/Armen, 1995 (première édition : 1963)

Remerciements

Responsables du dossier : Jacqueline Lecaudey-Le Guen, Yvette L’hostis
Coordination de la rédaction de la fiche de danse, création de la partie technique en collaboration avec Robert Le Bastard : Jacqueline Lecaudey-Le Guen
Responsable de la commission : Marie-Hélène Conan-Le Baron
Responsable danse traditionnelle, plan de la fiche de danse, relecture et rédaction en partie : Michel Guillerme
Ecriture de la danse : Bernard Langlois
Iconographie : Robert Le Bastard
Captation vidéo : Jean-Claude Mignot
Remerciements particuliers : Naïk Raviart pour son aide et ses conseils éclairés, nous avons essayé d’en tirer le meilleur parti.

Rappel

La Commission danse de Kendalc’h tient à rappeler un certain nombre d’éléments qui prévalent à l’élaboration de cette  fiche de danse. Il en est strictement de même pour toutes les fiches à ce jour publiées. La version proposée dans une fiche de danse fait suite à une étude longue, profonde et sérieuse qui s’appuie sur des sources et témoignages fiables. Cette fiche qui se veut un témoignage intangible, valorise une version, probablement la plus répandue de cette danse. Mais tout naturellement, même si nous la considérons comme majeure, cette version ne peut en aucun cas se prévaloir d’être l’unique version, il peut exister des variantes, liées à l’époque de référence, les lieux, l’âge et l’implication des personnes qui ont été porteuses de cette tradition et qui nous l’ont transmise. Penser différemment, serait totalement contraire à l’éthique qui entoure notre action vis-à-vis de notre environnement patrimonial.