Fiche costume

Costume de mariage de Plougastel de fin XIXè à début XXè

Terroir

Groupe vestimentaire

Plougastel

Période étudiée

Fin XIXè à début XXè

Rédacteurs

Fiche rédigée en 2017 par Anne-Marie Soubigou et Diane Soubigou.

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Groupe vestimentaire

La particularité du costume de Plougastel, outre la variété de ses couleurs, réside dans le fait qu’il y ait seulement les habitants de la commune à le porter. Ce particularisme s’explique par le fait que Plougastel est une presqu’île, caractéristique géographique qui induit une plus faible influence culturelle des communes voisines. Les Plougastels sont restés très attachés à cette partie du patrimoine. Les hommes ont adopté des vêtements civils pour le travail pendant la Seconde Guerre Mondiale, cependant ils ont continué après cette période à revêtir leur costume lors de grandes occasions comme les mariages, les processions, les pardons. Un des derniers mariages où le mari et la femme portent le costume traditionnel date de 1957. Il est resté des fillettes à porter le costume au quotidien, jusque dans les années 1950, mais le plus souvent sans le bonnet. Le dimanche et jours de fêtes les enfants endossaient l’habit traditionnel. Les femmes ont majoritairement porté le costume quotidiennement et jusqu’à leur mariage dans les années 1950-1960 (le dernier mariage avec l’épouse en costume traditionnel daterait de 1965). Même au quotidien toutes les pièces de costumes sont présentes, mais dans des matières plus simples. Seule la coiffe ne se porte pas journellement, simplement la sous-coiffe taledenn supporte les cheveux. Une partie des Plougastellenn a néanmoins porté le costume plus tardivement encore. En 1994, sous l’initiative de Ouest-France, une cinquantaine de femmes portant le costume traditionnellement sont photographiées, les dernières d’entre elles se sont éteintes dans les années 2010. Le fait que le costume ait été porté plus tardivement qu’ailleurs permet de retrouver des pièces de la moitié du XXe siècle. Mais encore, il n’est pas rare de découvrir des pièces ayant plus de cent ans, telles que des tabliers en pilpous, des krapoz de couleurs, des gilets d’hommes, grâce à l’esprit de conservation des Plougastels.

Mariage collectif à Plougastel fin XIXe-début XXe siècle. Collection Musée de Bretagne

Situation géographique et historique

Etymologiquement, Plougastel signifie la « paroisse forteresse » en rapport à ses côtes, remparts naturels. Plougastel est rattachée à l’évêché de Quimper, elle est la paroisse la plus au nord des côtes de la Cornouaille. La commune limitrophe est Loperhet à l’est. Au nord, l’Elorn est la rivière qui sépare Plougastel de Brest et donc du Léon, pour rejoindre cette dernière à l’occasion des marchés, les Plougastels s’y rendaient en bateau, ce qui a entrainé plusieurs naufrages.

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Puis en 1907 un bac à vapeur a été mis en place au Passage et enfin, en 1930, le pont Albert Louppe a été construit suivi plus récemment en 1994 du pont de l’Iroise. Les Plougastels allaient également à Landerneau en chars-à-bancs pour se rendre aux marchés. Cette fiche fait la description du costume de mariage de la fin XIXe début XXe. A cette époque se pratiquaient les mariages collectifs. La vie des Plougastels était rythmée par les travaux des champs, la culture de la fraise étant pratiquée par la quasi-totalité de la population, et par la pêche à la coquille Saint-Jacques (ces deux activités ayant donné lieu à la devise de Plougastel : « War zouar ha war vor » sur terre et sur mer). En plus des contraintes liées à leurs activités, s’ajoutaient les interdits religieux (Carême, Avent). Il ne restait donc plus que les mois de janvier et février pour célébrer les noces. C’est pourquoi chaque année une vingtaine, une trentaine voire une quarantaine de couples s’unissaient le même jour à l’église, ce qui attirait une foule de curieux venus de Brest, des environs et même de Paris, dont des journalistes. Le spectacle était, disaient-ils, pittoresque. Il y avait environ 2 000 personnes à assister à cette attraction.

Costume Féminin

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Groupe de Mariées se rendant à la cérémonie. Collection Le Carton Voyageur

La description qui suit se base sur l’étude de pièces anciennes, consultables notamment au musée de la Fraise et du Patrimoine de Plougastel, et sur l’analyse de photographies. La description s’appuie également sur des traces écrites qui font écho aux éléments tangibles.

Lostenn

Le costume féminin se compose d’une jupe (lostenn) en drap violine, bordée d’un biais de couleur verte. La jupe est plissée de façon très serrée (ce que l’on nomme des rides), dans le haut sur 7 cm à l’arrière et à l’avant ce ne sont que des plis plats. Elle s’attache à l’aide d’un lacet sur le côté gauche et, fait assez rare sur les jupes des différents terroirs, une poche coupée est cousue dans la fente de la jupe sur le côté droit.

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Lostenn dindan

Sous cette première jupe se porte une ou plusieurs jupes du dessous (lostenn dindan). Elles pouvaient être blanches avec bord en dentelle, ou en drap de couleur (bleu, mauve) agrémentées de fines bandes de velours noir de différentes largeurs, de surpiqûres, et bordées d’un croquet dans le bas. Le haut de ces jupes du dessous est fait de plis plats, la fente pour fermer est à droite, et il peut y avoir une poche du côté gauche.

Détail de la jupe du dessous, lostenn dindan. Collection musée de la Fraise et du Patrimoine
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De gauche à droite : détail des rides de la jupe, du kilhog et de la seizenn - détail de dos d’hivizenn tablier
Collection musée de la Fraise et du Patrimoine

Krapoz

Le haut du corps est maintenu par un krapoz, corselet sans manche en drap, échancré, à bretelles étroites dans le dos. Il se ferme à l’aide d’un lacet à passer dans des œillets à l’avant. Il existe toute sorte de couleur de krapoz : bleu clair, bleu foncé, mauve clair, mauve foncé, vert, rouge. Le krapoz est équipé de crochets qui permettent d’attacher la jupe.

Kilhog

Le kilhog est une pièce du krapoz, il s’agit d’un soufflet triangulaire rigide grâce à un carton, situé à l’arrière au milieu du krapoz. C’est le seul endroit sur le costume de la femme qui est brodé. Les points utilisés pour broder le kilhog sont le point de chaînette principalement, et le point dit « de Plougastel » puisqu’on le retrouve essentiellement sur le costume de Plougastel (autre particularité). Ces points forment un galon étroit composé de plusieurs couleurs vives : jaune, vert, bleu, mauve. Une roue, une croix, un ostensoir, ou simplement l’initiale du prénom peut être brodé à l’avant, du côté droit du krapoz.

Tavañjer

Le tavañjer, tablier est en soierie de couleur, bordé d’une étroite dentelle écrue. Le plus souvent la soie brochée (tissée de façon à faire apparaître des dessins en relief sur un fond uni) représente des motifs floraux, ou des bandes de motifs répétés et associe plusieurs tons : mauve et vert, bleu et argent, bleu et doré. La diversité des tissus dépendait des arrivages. Le tablier est maintenu à l’aide de lacets verts qui se croisent au-dessus du kilhog, puis se nouent à l’avant à l’aide d’une boucle.

Seizenn

Par-dessus les rubans du tablier, se noue la ou les seizenn, rubans de soie fleurie manufacturés à Saint-Etienne, agrémentés de franges métalliques dans le bas et pouvant être bordés d’une petite dentelle blanche ou écrue, selon l’époque.

Hivizenn 

Sur le krapoz se porte l’hivizenn, petite veste de drap qui est portée uniquement pour les grandes cérémonies religieuses (communion, procession religieuse, mariage, deuil). Cette veste verte est cintrée sur l’arrière. Dans le bas se situent trois soufflets ouverts : deux petits sur les côtés et un plus grand au milieu dos. Ce dernier est doublé d’un tissu en drap rouge qui est tenu par une surpiqûre. Un ruban rouge à petites dents borde le bas du soufflet central. La base de ces trois soufflets est maintenue par de la broderie au fil rouge qui forme de petits triangles surmontés chacun d’un trait de feston. Les manches sont trois-quarts et ont un revers. L’hivizenn est assez courte, afin que l’on puisse voir le kilhog légèrement en dessous du soufflet central. A l’avant l’hivizenn est droite et est agrémentée par trois œillets de chaque côté, qui ne sont, le plus souvent, pas ouverts. Ils devaient avoir un aspect décoratif bien qu’ils soient cachés par une autre partie du costume. L’hivizenn se ferme donc à l’aide d’épingles plutôt que d’un lacet dans ce cas-là.

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Parure et coiffe

La parure se compose du mouchoir, qui se fixe à l’aide d’épingles à têtes blanches, à l’arrière en haut du dos, puis à l’avant en ne formant qu’une seule pointe, d’une taledenn sous-coiffe et de la coiffe. Cette parure est en étamine de coton bordé d’une petite broderie anglaise ou croquet. La coiffe de Plougastel est très simple d’apparence, mais est composée de plusieurs pièces dont l’assemblage est complexe. En voici les différents éléments :

  • Le boned bleo, ou bonnet à cheveux est une pièce de tissu, auquel sont attachés les rubans de couleur (rouge, vert, mauve), et qui maintient les cheveux.
  • La borledenn est une pièce de zinc enfermée par le boned bleo. Les cheveux sont ensuite enroulés autour de la borledenn.
  • La taledenn, sous-coiffe à laquelle les rubans blancs sont cousus est maintenue au boned bleo par des épingles.
  • La talgen, longue bande de tresse de laine s’enroule en s’étageant tout autour de la tête pour lisser les cheveux. Cet étagement est entièrement recouvert de la taledenn.
  • Les lacets de couleurs et les lacets blancs sont noués sur le côté au niveau de l’oreille, par un noeud à une boucle.
  • La coiffe, koef, recouvre le tout. Elle est portée displeg, dépliée pour les mêmes occasions que l’hivizenn.

Ci-joint : Taledenn (sous-coiffe) lorsqu’elle n’est pas montée. Collection Anne-Marie Soubigou

L’apparition du noir

Vers les années 1910, le noir commence à apparaître chez certaines femmes, elles portent alors exactement le même costume décrit ci-dessus, dans les mêmes matières mais noires. Ces deux costumes étaient donc contemporains. A partir de la fin de la Première Guerre Mondiale, toutes les femmes ont adopté le noir.

Accessoires

A cette époque les femmes portaient une chemise longue en lin assez ample dans le bas, à manches longues. Le bout des manches sort légèrement de l’hivizenn. Les berrvañchoù, manches amovibles en laine blanche crochetée, peuvent se porter sous l’hivizenn. Vers 1910 les berrvañchoù, en tulle brodé mécanique ou en dentelle mécanique blanche apparaissent. Sous cette chemise elles portaient une culotte fendue en coton blanc qui se fermait à l’aide de boutons et pouvait s’ajuster à la taille grâce à un lacet coulissant à l’arrière. La culotte est resserrée aux genoux et agrémentée de dentelle dans le bas.
Les bijoux semblent apparaître vers 1910 également, il s’agit d’une chaîne de montre passée autour du cou puis qui se place dans le tablier où la montre est rangée. La chaîne est agrémentée soit d’un coulisseau, soit d’une broche fine épinglée au mouchoir. De petites médailles saintes peuvent également y être enfilées.
Les parapluies constituaient un accessoire, le risque d’intempérie étant grand dans notre région. Sur les photographies des années 1910 nous pouvons observer des parapluies avec des pommeaux en fer travaillés. Dans le journal l’Illustration de 1897, l’auteur, J. Méraud, nous révèle que le parapluie était un indice pour repérer un futur mariage : si un jeune homme tient le parapluie d’une jeune fille, cela annonce leurs fiançailles.
Sur une illustration datant de 1897, certaines mariées portent des sabots. Pour le reste des chaussures en cuir noir à petit talon, fermées à lacets, allant jusqu’à la cheville (puis en dessous vers 1910), semblent être présentes.

Costume masculin

Veste et gilets

Le costume masculin se compose d’un jiletenen war c’horre, veste en drap de couleur. A l’arrière, en bas se trouve un soufflet. Le jour du mariage on remarque bien les plegoù stal (prononcer plegchoù), les plis du magasin. Les vestes étaient rangées pliées et elles n’étaient pas repassées pour montrer qu’elles étaient neuves. La veste pouvait être soit mauve (mouk) soit verte. Les éléments qui différencient les deux vestes sont les boutons. Sur la veste mauve ils sont en métal doré, ou en verre soufflé agrémenté de métal de couleur. Sur la veste verte se sont des boutons en os blanc. La veste n’est toutefois pas boutonnée. Sous cette veste se portent se portent deux gilets du dessous, jiletenn dindan, en drap de couleurs différentes : mauve foncé, violine, rouge, vert ou blanc (le blanc étant toujours le plus en-dessous). Les boutons sont en métal argenté, et se boutonnent dans le bas uniquement. La veste et les gilets sont chacun ornés de sept boutons et boutonnières de chaque côté. Ils sont brodés à l’encolure d’un galon étroit composé de point de chaînette et du point de Plougastel. Entre les boutonnières du haut, voire tout le long pour les plus riches, sont brodés des motifs en point de chaînette représentant un motif simple : croix, roue, ancre, arbre à pomme ou ostensoir, ainsi que leur initiale.

Gouriz et pantalon

La ceinture en tissu, gouriz, s’enroule autour de la taille par-dessus les jiletenn dindan. Il peut être en tissu de flanelle de laine ou serge de laine de couleur bleue ou à carreaux bleu et blanc. Tissu qui d’ailleurs était spécifique à Plougastel, car il était commandé spécialement pour les gouriz et les mouchoirs que portaient les femmes quotidiennement. Le pantalon est en drap noir, il possède une forme particulière, en effet il est plus large dans le haut et resserré aux chevilles, il y a seulement une couture à l’entrejambe. Il se ferme à l’avant par des boutons et un crochet ou un ibil beuz, cheville de bois, dans le haut. La couture arrière du pantalon ne monte pas jusqu’à la ceinture, celle-ci se réajuste grâce au lacet qui passe dans les œillets brodés de chaque côté de la ceinture à l’arrière.

Cravate et tok du

La cravate, ruban de soie fleurie provenant d’une manufacture de Saint-Etienne, se noue par un noeud simple sur une chemise à petit col. Le tok du, chapeau noir en taupé avec guide en velours, est agrémenté d’une boucle en métal doré, argenté ou en argent. Elle pouvait être plus ou moins travaillée, voire pas du tout selon la richesse du propriétaire. Les guides descendent jusqu’en bas de la veste. Les hommes aussi pouvaient avoir une montre qui était plus grande que celle des femmes. Elle se portait également par une chaîne s’attachant à une boutonnière du jiletenn dindan. Des médailles saintes pouvaient agrémenter la chaîne.

Détails du jiletenn dindan.Collection Musée de Bretagne pour le vert, Anne-Marie Soubigou pour les deux autres
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Odoo - Sample 1 for three columns
Odoo - Sample 2 for three columns
Ci-dessus : Détail du pantalon. On remarque l’absence de couture sur le côté. Collection musée de la Fraise et du Patrimoine








 
Carte postale représentant un homme de Plougastel. Collection Le Carton Voyageur

Ressources

  • Musée de la Fraise et du Patrimoine de Plougastel
  • DVD E-giz Plougastell, Kendalc’h Penn ar Bed, 1985

Remerciements

  • Anne-Marie Soubigou
  • Musée de la Fraise et du Patrimoine de Plougastel tout particulièrement Anne Lagathu