Fiche costume

Glazig 1935-1960

Terroir

Glazig

Groupe vestimentaire

Glazig

Période étudiée

1935-1960

Rédacteurs

Cette fiche a été rédigée par Isabelle Quintin des Eostiged ar Stangala, Kerfeunteun-Kemper en 2016.

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Groupe vestimentaire

Les costumes glazigs correspondent à un des nombreux groupes vestimentaires de la Cornouaille du Sud. Tous ont une caractéristique similaire : la richesse de leur ornementation et l’abondance de celles-ci.

Mariage de Louise Barré et Jean Quintin à Kerfeunteun en 1946.
Collection : Isabelle Quintin

Situation géographique et historique

Le pays glazig (petit bleu : nom provenant de la couleur de l’étoffe des gilets masculins) est un terroir important puisqu’il regroupe 29 communes au milieu du XXe siècle :
Saint Nic, Briec, Plonéïs, Plomodiern, Langolen, Pluguffan, Ploéven, Kerlaz, Plomelin, Cast, Ploaré (en partie), Penhars, Leuhan, Locronan, Kerfeunteun, Edern, Plogonnec, Ergué Armel, Trégourez, Le Juch, Ergué-Gabéric, Plonévez Porzay, Gourlizon, Landudal, Quéménéven, Guengat, Coray, Landrévarzec et Quimper.
Cette zone géographique de forme triangle est délimitée par les montagnes noires, le Menez Hom, le plateau de Scaër, le cours de l’Odet, du Jet, du Ris et la ria de Combrit.

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Costume féminin

Les femmes de ce terroir sont appelées Borledenn du nom de leur coiffe. La Borledenn (terme qui viendrait du breton bord-ledan bord large) correspond à une pièce rectangle de coton blanc piqué qui se trouve au sommet de la grande coiffe. Les différentes pièces du costume peuvent être brodées. La canetille, très en vogue pour réaliser les motifs floraux au début du XXe, siècle disparaît petit à petit à partir des années 1930. On se sert de perles soufflées, de strass, de perles tubes de différentes couleurs ainsi que du fil de soie. Le rose est particulièrement prisé par les femmes de ce terroir. Cette mode sera portée quelques années après la 2nde guerre mondiale pour les mariages et lors des pardons (tradition qui se poursuit encore actuellement notamment à la Troménie de Locronan et à Sainte-Anne-la-Palud). Malgré l’abandon de leur costume, un bon nombre de femmes d’un certain âge porteront jusqu’à la fin de leur vie ce signe identitaire qu’est leur coiffe.

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Mariage de Louise Barré et Jean Quintin à Kerfeunteun en 1946.
Collection : Isabelle Quintin
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Le gilet ou jiletenn et le corselet ou manchou

Le costume femme est composé d’un gilet ou jiletenn avec manches recouvert par un corselet appelé manchou sur lequel est cousu un bilostic ou boudin pour soutenir la jupe. La coupe de celui-ci avec sa pièce de forme losange dans le dos fait office de corset et donne cette tenue si particulière aux femmes du pays glazig. Le gilet et le corselet sont confectionnés dans la même matière : en général du velours de soie dit « à la clé ». A noter que les costumes des dernières modes peuvent être aussi confectionnés en satin ou crêpe. En général de couleur noire, les mariées ou les communiantes pouvaient porter des costumes élaborés dans une étoffe blanche.

La jupe ou broz

La jupe, broz en breton,  froncée à la taille est fermée par un lacet.

Le tablier ou tavancher

Le costume est complété par un tablier, tavancher, réalisé en satin, en crêpe, velours ou en soie. Celui-ci peut  être monté sur une ganse ou sur une large ceinture « gornichenn », composée d’une ou deux pièces d’étoffe comportant 3 ou 5 plis pour épouser la taille. Sous la ceinture la pièce d’étoffe est resserrée soit par des plis ou un nid d’abeille.

Jeune fille dans les années 1940.
Collection : Isabelle Quintin

La coiffe et sa parure

Le costume féminin est agrémenté d’une parure composée d’une gorgerette ou fichig dirag positionnée à l’avant du gilet, d’un col ou fichig dreon, porté à nouveau  à partir de 1930 qui avait disparu à la fin du XIXe siècle et de la coiffe. Cette dernière se monte sur un carton préalablement recouvert de tissu, bleu ou rose pour les jeunes filles, blanc pour le mariage, noir pour les femmes mariées, d’un certain âge ou le deuil. Les deux pièces – la petite coiffe koeff bihan et la grande coiffe koeff bras - sont réalisées en filet rebrodés de motifs fleuris ou d’inspiration celtique. Pour les mariages et les communions, les lacets de la coiffe en filet sont remplacés  par un lacet perlé qui est épinglé sur le plastron du gilet.

Bijoux

Le costume était souvent agrémenté par un collier de perles ou une chaine filigranée avec ou sans médaille. Le grand sautoir n’est pratiquement plus porté à cette époque.

La coiffe de la mariée est agrémentée d’un lacet de soie ou de satin perlé. La coupe en V (dos) du corselet baleiné, très rigide, fermé grâce à trois épingles sous la poitrine, affine la taille des femmes.
Extrait de «Mariages en Bretagne», édition Kendalc’h 2014
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La parure (coiffe, col et gorgerette) est ornée du même motif brodé sur tulle travaillé sur un filet. La coiffe, posée sur un chignon, est lacée sous le menton à l’aide de mentonnières (parties de la petite coiffe) qui cachent les oreilles de la femme.
Extrait de «Mariages en Bretagne», édition Kendalc’h 2014
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Détail d’un tablier de jeune fille, costume de 1946.
Collection : Isabelle Quintin
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Détail d’un tablier.
Collection Isabelle Quintin
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Mariage de René Quintin et Marie-Jeanne Jacq en avril 1942 à Landudal.
Collection : Isabelle Quintin

Costume masculin

Les hommes du terroir portent le costume glazig, petit bleu en français. Ce nom provient de la couleur de l’étoffe dominante du costume. Dans la dernière mode tous les costumes de ce terroir sont composés de cinq pièces :
D’un pantalon gris rayé
D’une chemise de coton ou de lin à col officier sur lequel on peut trouver des broderies ton sur ton
De deux vestes en drap bleu le jiletenn avec manches et le chupenn sans manche porté sur la précédente
Et enfin d’un chapeau
La grande guerre amorça le déclin du port du costume. Après quatre années de front, les hommes abandonnent progressivement le costume paysan pour adopter le costume de ville. Certains garderont le chapeau et le jiletenn. Celui-ci trouvera sa place sous une veste et perdra ses manches.

Broderies et ornementations

Les deux vestes, le jiletenn et le chupenn sont ornementées de bandes de velours ainsi que de broderies. En effet la largeur des bandes de velours sur les bras et sur le plastron du jiletenn ainsi que l’importance des broderies révèlent la condition sociale de l’homme. Ainsi on a pu observer jusqu’à quatre rangs de broderie ou aucune pour les plus pauvres. Le velours du plastron, à l’encolure, est piqué à petits points ce qui lui donne cet effet de plissé. Les broderies à dominantes jaunes peuvent être géométriques ou plus florales. Les motifs brodés et les couleurs utilisées dépendent notamment du brodeur. Mais les techniques employées et l’esthétisme général de ces broderies  sont une réelle marque identitaire par rapport aux terroirs limitrophes. Celles-ci sont réalisées en général au fil de soie, voire en coton et exceptionnellement en laine. Elles sont également souvent effectuées sur un galon rouge afin de faire ressortir les motifs. Enfin deux rangées de 7 ou 8 boutons agrémentent la veste. Le chupenn est ornementé de broderies, les bruskou de couleur à dominante jaune. De plus, cette veste sans manches est entièrement piquée de petits points à la main afin d’assurer un bon maintien au tissu mais aussi de l’imperméabiliser.

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Détail de broderie, et bruskoù mode Quimper.
Collection : Isabelle Quintin
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Détail de broderie, et bruskoù mode Quimper.
Collection : Isabelle Quintin
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Le chapeau

Le chapeau quant à lui est réalisé en taupé. Les jeunes hommes portent les guides de velours dans le dos. Seul le jour de leur mariage, les hommes très riches arborent leur chapeau avec des rubans de velours brodés. Après le mariage, ils sont coupés ce qui met en valeur la boucle du chapeau de forme rectangulaire. Celle-ci peut être confectionnée en or, en vermeil, en argent, en laiton ou encore en cuivre. De même, elle peut être pleine, découpée ou ciselée, et quelques fois gravée aux initiales de son propriétaire.

Chapeau en taupé. Après son mariage, les rubans de velours sont coupés, mettant ainsi en valeur la boucle rectangulaire.
Extrait de «Mariages en Bretagne», édition Kendalc’h 2014

Particularités locales

Dans tout le terroir, il existe une réelle unité dans ces vêtements mais également des différences notoires que nous souhaitons vous faire partager. Les différences entre les costumes des hommes glazigs sont visibles au niveau du chupenn, et/ou des borderies. Ainsi il nous paraissait intéressant de distinguer quatre variantes significatives :

  • Le pays de Quimper

Le pays de Quimper se différencie par des chupenn ornés de bruskou, longues, bien visibles car bien placées à l’avant de la veste. Elles sont brodées au point de chaînette. Le dos comporte du velours uniquement à l’encolure Celui-ci est souligné par une broderie jaune au point de chainette échelle.

  • Le Porzay

Les hommes du Porzay sont reconnaissables grâce au dos de leur chupenn. Tout comme dans le pays de Quimper l’encolure comporte une bande de velours mais également les emmanchures et le bas de cette pièce. Ici la broderie dans le dos délimitant le velours et le drap bleu n’est pas systématique. Une autre différence concerne les bruskou. Elles sont moins larges, moins longues et moins visibles car elles sont positionnées plus sur les côtés. Les hommes portaient également fréquemment avec leur costume d’apparat une ceinture de flanelle chose que l’on ne retrouve pas dans le pays de Quimper.

  • La zone limitrophe au pays de Douarnenez correspondant aux communes du Juch, Kerlaz et Ploaré

Les communes du Juch, de Kerlaz et de Ploaré proposent encore d’autres variantes. Les hommes de ces bourgs pouvaient tout aussi bien porter des costumes à la mode de Ploaré et de Douarnenez voir hybride. Ceux-ci s’inspirent fortement des costumes du Porzay car on retrouve le même montage de velours dans le dos du chuppen et également le port de la ceinture de flanelle de couleur bleue. La différence réside ici dans la broderie des bruskou réalisée cette fois au point de dren pesk en laine et à dominante rouge et orange. A Kerlaz, ces broderies sont majoritairement noires ou bleues.

  • Coray

Enfin certains costumes de la commune de Coray s’inspirent de broderies de la mode Fouesnant. C’est sur le jiletenn que l’on retrouve celles-ci, toujours dans le bas du motif et seulement si celui-ci comporte au minimum deux bandes de broderie. Le chupenn est semblable à celui de la mode de Quimper.

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A gauche, mariés vers la fin des années 1930.
A droite, homme de Quimper.
Collection : Isabelle Quintin
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Groupe de jeunes gens devant la cathédrale à Quimper dans les années 1940.
Collection Isabelle Quintin

Costume enfant

Le costume enfant est composé d’une robe, d’un tablier, parfois d’une collerette et d’un bonnet. La robe et le sarreau sont portés très  serrés sur le corps. Ce dernier peut être réalisé en coton ou en soie. Les motifs à carreaux et rayures sont très appréciés. Cette vêture, dilhad-sae est unisexe jusqu’à l’âge de 5-8 ans. Les petits garçons se distinguaient des fillettes grâce à leur bonnet orné d’un gland de perles. A partir de 5-6 ans, les garçons portent un jiletenn et un chupenn comme leur père  et leurs cheveux sont coupés. Les petites filles, quant à elles, troqueront leur robe et sarreau, pour le costume féminin vers 8 ans tout en conservant le bonnet perlé. Ce n’est qu’à partir de leur communion solennelle qu’elles pourront mettre la coiffe. A partir des années 1920, 1930 les costumes sont de moins en moins portés, les enfants comme leurs parents commencent à suivre la mode citadine. Comme la coiffe pour les femmes, les petites filles continuent à porter le bonnet perlé pour les grandes occasions jusque dans les années 1960.

Fillette .
Collection : Isabelle Quintin
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Ressources

Creston René-Yves, Le costume Breton, Coop Breizh

Informateurs

Isabelle Quintin remercie toutes les personnes-ressources du projet E-giz Glazig et surtout les membres de sa famille qui lui ont transmis, dès son plus jeune âge, le savoir-faire, la passion, la fierté de porter le « costume paysan », et de connaître les subtilités de la mode glazig.

Détail d’un bonnet de baptême du milieu du XXe.
Collection : Isabelle Quintin