Fiche costume

Mariés de La Guerche 1844

Terroir

Guerchais

Groupe vestimentaire

Rennais

Période étudiée

1844

Rédacteurs

Cette fiche a été rédigée en 2016 par Annaig Rapinel, du Groupe Gallo-Breton de Rennes.

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Groupe vestimentaire

Nous sommes en Haute-Bretagne et plus particulièrement dans le grand comté de Rennes, dont on retrouve les éléments caractéristiques de ce groupes vestimentaire. Les habits sont des vêtements de mariage de riches propriétaires terriens de La Guerche. C’est un pays fortement influencé  par les modes voisines présentant des caractéristiques communes aux des tenues de la mode civile bourgeoise de cette époque.

Lithogravure de François-Hyppolite Lalaisse : Les mariés de La Guerche. La mariée est au bras de l’homme le plus riche de sa belle famille.

Situation géographique, historique et sociale

Le Guerchais ou pays de La Guerche est situé au sud-est du comté de Rennes et plus particulièrement dans le sud du pays de Vitré. Il est limitrophe :

  • au sud : du pays de La Mée
  • au sud-est : de l’ancien comté d’Anjou
  • à l’est : de l’ancien comté du Maine

C’est un pays de transition entre la Bretagne et la France. On y ressent une forte influence française et les costumes sont assez proches de ceux portés dans l’Anjou et le Perche (ancienne province ayant eu pour capitale Nogent-le-Rotrou). Dans tout l’ancien comté de Rennes, les habits sont les mêmes. François-Hyppolite Lalaisse précise dans ses carnets : « il n’y a que le bonnet (fond de coiffe) qui change et la pièce du tablier (pièce d’estomac)». Ce mariage était l’union de deux jeunes gens issus de familles de riches propriétaires terriens. Ils portaient à cette occasion des tenues de la mode civile bourgeoise. Le mariage a eu lieu au printemps 1844, nous sommes sous la Restauration, plus précisément sous le Monarchie de Juillet (1830/1848). Au niveau de la mode vestimentaire nous sommes donc dans la période du style « Romantique » pour la mode bourgeoise. Ce qui va différencier la mode paysanne de la mode des gens aisés se caractérise par les matières (soierie, drap, toiles fines ...), les formes (vêtements de dessous, robe ...) et les façons de les porter prêt du corps. Aussi, contrairement à la femme paysanne, la femme aisée porte des sous-vêtements : pantalon et chemise de jour en toile fine ainsi qu’un corset pour un bon maintien du corps. Par ailleurs, on peut noter que cette tenue de mariée, de mode aisée, n’a réellement de breton que la coiffe et le tablier à piécette. Le style des vêtements est peu différent de ce qui était porté dans les grandes villes, un peu plus tôt, dans les années 1835-1839. De plus, dans le civil, en 1840, les châles et tabliers étaient également présents. Comme pour la femme, ce qui va différencier l’homme d’une catégorie sociale plus élevée, c’est qu’il suit l’influence de la mode aisée des grandes villes aussi bien pour les matières (soie, cachemire, toiles fines) que pour les formes (pantalon, bas...).

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Costume féminin

La rob (robe)

La robe est de style romantique en taffetas de soie (comme sur la photo) à rayures, entièrement doublée de chintz (aussi orthographié chinz, c’est un tissu de coton robuste caractérisé par des couleurs vives et un « toucher » soyeux, obtenu avec un fort calandrage en phase de finition). Le panneau du bas de la robe est froncé au dos et plissé sur le devant. Le tout est monté sur une ceinture plaquée sur le corps de la robe. Le corsage est fermé devant par des crochets et deux découpes arrondies dans le dos qui l’ajustent au corps. Les emmanchures tombent sur les épaules. Les manches taillées dans le biais du tissu ont un volume important et sont froncées à la tête. Elles se gainent à partir du coude pour être resserrées au bas de manche. Dans toutes les coutures de la robe, on trouve un petit passepoil, cordon de coton recouvert du même tissu.

La devântiër (tablier)

Le tablier est en taffetas de soie changeant, de couleur « gorge de pigeon », violine ou bleu. C’est un grand tablier, froncé de petits godrons sous la ceinture, qui recouvre le devant et les côtés de la jupe. La piécette baleinée est large et assez haute. En bas, la partie centrale est cousue à la ceinture, tandis que les extrémités sont maintenues à la robe par des épingles afin de bien épouser la forme du corps.

Reproduction du costume.
Photo : Guingamp photo club.

Le mouchouë de coù (châle court)

Le châle pouvait être soit en cachemire brodé (fibre animale constituée de poil de chèvre de la province du Cachemire dont la texture est irrégulière, duveteuse, brillante et très chaude), soit en tissu imprimé. Le châle présenté ici est  une reconstitution de châle en flanelle et d’application d’éléments. Le châle est plissé à l’arrière et dégagé du cou, pour laisser voir une partie de la guimpe ou du corsage et de la coiffure. Il forme un bec dans le dos etest croisé devant sur la poitrine. Il est fixé à la ceinture et passe sous la piécette du tablier.

La chminzz (chemise de jour)

La chemise de jour est en voile de coton blanc. L’encolure est ronde avec un lacet qui coulisse. Elle a des manches courtes. Elle se porte rentrée dans le pantalon.

Détail de la reproduction du costume.
Photo : Guingamp photo club.
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La chminzz (chemise de jour)

La chemise de jour est en voile de coton blanc. L’encolure est ronde avec un lacet qui coulisse. Elle a des manches courtes. Elle se porte rentrée dans le pantalon.

Les vêtements de dessous ou lingerie

  • La chminzett (jupon)

Le jupon est en madapolan. Le jupon est plat devant et froncé sur les côtés et est fermé par un lacet coulissant qui permet de regrouper les fronces dans le dos afin de donner du volume à la robe. Des râplis, petits plis religieux ornent le bas. Cela permettait quand on l’amidonnait de donner une tenue et un gonflant à la robe. Le jupon est amidonné.

  • La qhulott (pantalon)

Le pantalon est en voile de coton avec trois petits plis et un picot en dentelle de coton, dans le bas. Il est froncé à la taille et se ferme sur les côtés par un bouton et un lacet coulissant à l’arrière. Il faut noter que ce pantalon n’est pas cousu a l’entrejambe ce qui permettait de se soulager plus facilement.

  • Le corset

Il était en coutil et il permettait de maintenir le corps droit et était généralement porté par-dessus la chemise de jour. Il est lacé devant, du bas vers le haut avec un seul lacet. Deux quilles sur la partie supérieure servent à donner de l’amplitude pour placer la poitrine.

  • La guimpe

C’est une guimpe froncée, faite en mousseline de coton et de dentelle valenciennes.

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La couéf (coiffe) : la poupette

La Poupette est la coiffe du pays Guerchais, elle était également portée jusqu’à Vitré (pays de Vitré) où elle côtoie la polka. Cette coiffe était portée sur une coiffure qui se distinguait de celle de la catiole ou de la polka. La poupette disparaitra rapidement à partir de 1880-1890 pour laisser la place à la polka ou à la catiole, plus faciles à porter.
C’est une coiffe en deux parties :

  • La première partie est une longue bande droite ou passe, d’une extrémité à l’autre, avec un volant moins large et moins long, dont l’arrière des deux ailes se relève.
  • Le fond ou bonnet le fond est soutenu par le serre-tête. Elle est en toile de lin.

Coiffe 52.76.1.88 Lithogravures de F.H. Lalaisse « Galerie Armoricaine. Costumes et vues pittoresques de la Bretagne ». Nantes, Charpentier Père et Fils, 1848.

Un bonnet de mariage avec une couronne brodée de fils d’or et d’argent est posé sur le fond de la coiffe. Il est fixé à celui-ci par un ruban sur lequel sont piquées d’innombrables épingles de mariage, (comme décrit dans la Galerie Armoricaine par J.C.Meder.) La coiffure est une coiffure en bandeau : les cheveux sont lissés, séparés par une raie médiane. Les mèches de côté sont plaquées comme le voulait la mode en découvrant une partie des oreilles Le reste des cheveux est lissé et remonté en catogan puis attaché au sommet de la tête. Le serre-tête est en toile partiellement amidonné, avec un petit feston sur l’avant.

Les bijoux

La mariée porte des des boucles d’oreilles et une chaîne avec une croix Jeannette.

Le bouquet

Le bouquet est un bouquet plat ou demi-rond fixé à la ceinture et ressortant au-dessus de la piécette du tablier. A cette époque il pouvait être en fleurs des champs ou fleurs dites « au naturel » mais sur les croquis, on peut lire l’annotation « elle porte un bouquet de roses blanches pompon ».

Les soléer (souliers)

Ce sont des souliers plats en cuir, avec noeud de taffetas sur le cou de pied.

Les gants

Ils pouvaient être en peau ou en fils.

Costume masculin

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La veste touron ou la veste

Nous ne sommes pas dans une mode bretonne comme en Basse-Bretagne mais dans une adaptation paysanne d’une mode citadine. C’est une redingote coupée à la taille devant et derrière à la pointe des fesses. Elle est en drap  avec col droit et des quilles à l’arrière, ainsi que deux petits boutons plats en métal doré. Sur le devant, on retrouve les mêmes boutons mais plus importants.

Le gilet

C’est un gilet cours en velours rayé de soie, simple boutonnage et col châle. La doublure est en chintz.

La Chminzz (chemise de jour)

La chemise était en madapolan à l’origine. C’est une chemise à plastron plissé et à col haut. A noter le large pied de col et poignet.

Le mouchouë (cravate)

Le mouchoir peut être une indienne, coton imprimé, taillé en pointe et roulé sur lui-même. A noter le nouage des cravates : Il est noué autour du col de la chemise dans l’esprit des lavallières.

Léz hannes (pantalon)

C’est un pantalon droit à pont, arrivant au-dessus de la cheville, en drap de laine fine. Les boutons pouvaient être en corne, en corozo, en bois, en jais... L’homme porte des bas.

« Homme d’Antrain et de tous ses environs » 52.76.1.91
Lithogravures de F.H. Lalaisse « Galerie Armoricaine. Costumes et vues pittoresques de la Bretagne ». Nantes, Charpentier Père et Fils, 1848.

Le chapè (chapeau)

Le chapeau est un Gibus en drap de feutre poillu « peillu » et galbé.

Léz souléer (souliers)

Ce sont des souliers en cuir plats avec en garniture des rubans.

Chapeaux 52.76.1.87
Lithogravures de F.H. Lalaisse « Galerie Armoricaine. Costumes et vues pittoresques de la Bretagne ». Nantes, Charpentier Père et Fils, 1848.
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Ressources

  • Lalaisse François-Hyppolite, Un carnet de croquis et son devenir, Rennes, Editions de la cité, 1985
  • Lalaisse François-Hyppolite, Galerie Armoricaine - Costumes et vues pittoresques de la Bretagne, Nantes, Charpentier Père et Fils, 1848
  • Morand Simone, Coiffes et costumes de l’ancien Comté de Rennes, Spézet, Editions Breizh Hor Bro, 1979
  • Les collections du Kyoto Costume Institute - Fashion - Une histoire de la mode du XVllle au XXe siècle, Editions Taschen

Remerciements

  • Le Groupe Gallo-Breton de Rennes remercie Réjane Labbé, Romuald Hervé, Pierrick Cordonnier et Danick Breny pour leur partage de connaissances et leur accompagnement dans les recherches.