Fiche terroir

Pays de Rennes

Rennais

Rédacteurs

Fiche rédigée en 2020 par Régine Barbot, Pierrick Cordonnier, Michel Guillerme, Hervé Lambrecht et Cédric Leblanc, aidés dans leur relecture par Rémy Barbot.

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Ci-contre : Chesnay près d’Acigné vers 1900-1905. Collection Musée de Bretagne
« Posée au centre d’un vaste bassin faiblement ondulé,
au confluent de deux rivières, [...] elle est intimement
liée à la campagne environnante, dont le sol de schistes
tendres produit généreusement le blé, l’avoine, le
sarrasin et des pommes à cidre en quantité.»

C’est par ces mots qu’Henri-François Buffet, archiviste en chef d’Ille-et-Vilaine au siècle dernier, commence sa description de Rennes, ce qu’il appelle « un coeur très accessible et presque campagnard ». Ce territoire plus vaste que la cité ressemble au creux d’une main ouverte. L’eau trace dans une terre riche des lignes de vie à peine gommées par les activités humaines. Le fleuve, la Vilaine, file de part en part et les rivières semblent iriser comme un impact de surface à partir de la confluence métropolitaine. De cette lecture hydrographique, émergent aussi les contours du pays rennais : le Couesnon et le canal d’Ille et Rance au nord, la Flume et le Meu à l’ouest, la Seiche au sud. Femmes, hommes et marchandises circulent sans cesse ici. Ouvriers, paysans, fonctionnaires, négociants, artisans, commerçants, arpentent les voies de terre ou empierrées qui relient les grandes fermes dont la Bintinais (actuel Écomusée du pays de Rennes) ainsi que les villes importantes comme Fougères, Vitré, Dinan ou Saint-Malo et les gros bourgs. Les foires et les marchés ancestraux témoignent de cette fluidité des échanges (le marché de La Guerche ou des Lices à Rennes, La Foucherais à Pacé, la foire de Saint-Nicolas à Monfortsur- Meu). 

Ce sont d’ailleurs ces relations importantes  entre les populations rurales et urbaines qui semblent  justifier la nature des répertoires de danse collectés en  fin de tradition : des contredanses, en pas marchés ou  plus élaborés (sacristains, moulinet, avant-deux) et les  danses en couple essentiellement (polka,  aéroplane,  scottish de type pas de sept).  « Le vieux grand chemin », ainsi nommait-on la voie romaine  qui reliait Rennes à Fougères puis à Paris au cours  du règne de Louis XIV. 

Photo de mariage par  P. Lanriec, commerçant  à Melesse. Collection  Musée de Bretagne
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D’autres grands chemins ont vu  le jour depuis, certains assourdissants comme le chemin  de fer au long cours, d’autres invisibles comme ceux des  télécommunications ou ceux des réseaux universitaires  plus discrets, quoique... Cette terre des grands chemins  n’en oublie pas la finalité de tout « transport », ce geste  qui « invite à nous relier au monde et à nous-mêmes »  comme le souligne Georges Guitton au sujet des traces  archéologiques de la voie romaine encore inscrite dans le  sol du nouveau quartier de Cesson-Sévigné, Via Silva. Une  tradition des chants de quête bien ancrée dans le pays de  Rennes symbolise d’ailleurs ce sens entretenu du lien aux  autres : La Mazi-mazette et La Passion du côté de Montgermont,  de Pacé, de Saint-Grégoire, du Rheu et au-delà.  Dans la nuit de bascule d’avril à mai, des groupes entreprenaient  une déambulation chantée nocturne à la fortune  nécessairement incertaine, juste pour interpeller tout un  chacun par une chanson et quêter des oeufs, se faire ouvrir  les portes dans la joie et susciter le partage. Que vaudrait  le transport sans halte, sans risque joyeux de rencontres ?                                                                                                                                                                    Hervé Lambrecht

Principales familles de danses

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En haut : danse en plein air à Iffendic par Ange François Mahé (1878-1928). Collection Musée de Bretagne
En dessous : bal à Montfort-sur-Meu en 1930. Collection La Bouëze

• Doubles-fronts : Avant-deux de La Mézière, Avantdeux de Gévezé, Vieux-en-avant-deux, Les Bottes
• Danses à quatre : Ercé-près-Liffré (plusieurs modes), la danse des Chiffonniers, La Pastourelle, La Chatouillette, La Rassemblée (deux modes), Les Drôlettes, Le Moulinet d’Ercé-près-Liffré, Le Carillon
• Rondes : La Boulangère, La Sabotée, La danse des Moines
• Cortèges : la Gigouillette, les Allumettes, la Violette
• Danses en couples : les polkas (des bébés, piquée, piquée double), le pas de sept
• Aéroplanes

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L’accompagnement musical

La vie et le travail de tous les jours étaient rythmé par le chant : la marche à pied avec les chants à la marche, les divers travaux agricoles… Mais le répertoire de chant rennais comprend aussi diverses chansons à écouter, épiques, humoristiques, romantiques, de tables, des complaintes… De la ville à la campagne, qu’elles soient en français ou en gallo, les paroles de ces chansons racontaient cette vie quotidienne mais toujours avec convivialité et parfois même beaucoup d’humour, voire de grivoiseries.
A partir du début du XIXe siècle, pour accompagner les avant-deux, rondes et autres danses du pays rennais, on pouvait voir aux côtés des danseurs, des clarinettes (surtout à l’est) et des violons.
A partir de la fin du XIXe siècle, la « bouëze » (accordéon diatonique) est devenu l’instrument prépondérant du terroir. Souvent seul, parfois accompagné d’une clarinette ou d’un violon, l’accordéoniste ou « bouëzou » menait la danse avec entrain et bonne humeur.
A partir des années 1920, arrive aussi la mode du jâze : grosse caisse actionnée par le pied de l’accordéoniste, qui permet de marquer plus fortement la cadence.

Ci-contre : Pierre et François Gautier, de La Bouexière

Le costume

Le vaste terroir que constitue l’ancien Comté rennais, du point de vue vestimentaire, peut favorablement être comparé à un autre terroir breton, le Trégor. Chacun de ces deux terroirs présente une très grande homogénéité pour la vêture, celle des femmes, ainsi qu’un nombre très réduit de coiffes que l’on retrouve identiques ici et là sur chaque territoire. Les seules différences, peu notables, sont dues à des étapes, quelquefois en décalage, de leur évolution.

Le sayon des hommes  de la campagne  rennaise. Lithographie  de Charpentier

La vêture

Nous sommes en haute-Bretagne, dès le début de la seconde moitié du XIXe siècle, les hommes ont abandonné les éléments de costume dans ce qu’ils pouvaient avoir de spécifique. Globalement, on peut dire qu’avant cette époque, les hommes ont porté des vêtements tels qu’on pouvait en voir dans d’autres terroirs et provinces. Signalons quandmême le Sayon, sorte de peau de bique que les paysans portaient pour se protéger du mauvais temps. Pour les femmes, on peut avancer, sans se tromper, qu’à toute époque c’est la mode contemporaine qui était en vigueur. Cela concerne uniquement bien sûr les robes, les hauts et jupes, que l’on soit à l’époque de la Restauration, Louis-Philippe, du Second Empire ou de la Belle époque… Ce sont les devantières et les châles qui eux, seront les éléments identitaires du terroir rennais. Il est très difficile de généraliser, plus qu’ailleurs, le monde des devantières en pays rennais. Si, anciennement, on les trouve plutôt amples, quelquefois enveloppantes, aux bavettes montant assez haut sur la poitrine, plus on avance en temps, plus on fera face, simultanément, à des différences notoires. Ici, on trouvera des devantières de grande taille, longues, là, on aura des devantières très courtes et de dimensions réduites sans que la localisation soit en cause, une histoire de goût vraisemblablement. Pour ce qui est des châles, ceux-ci ont généralement été portés plutôt courts. On les croise beaucoup sur la poitrine jusque vers les années 1870-1880, ils s’ouvrent ensuite de plus en plus. Les étoffes employées, les styles, les coloris sont d’une très grande variété, coton damassé, soie, velours plein, dévoré, rasé, cachemire…
Une spécificité de ce vaste terroir : dès les années 1880, les femmes ont valorisé le port sur leurs belles tenues de parures, à savoir que châle et devantière étaient assortis car dans la même étoffe et avec les mêmes motifs. D’ailleurs, c’est à cette époque que les devantières ont perdu leur bavette. Et puis la guerre de 1914-1918 intervenant, le déclin du port du costume traditionnel, commencé un peu avant, s’est totalement accentué jusqu’à sa disparition complète.

Parure de Piré sur Seiche, satin de soie, applications et dentelle du Puy. Collection Michel Guillerme
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Les coiffes

Dès le début du XIXe siècle, deux coiffes vont être celles portées par les femmes de ce vaste terroir. La plus emblématique est la Catiole car on la retrouve partout. Ses dimensions sont impressionnantes jusqu’au milieu du XIXe siècle. Cette Catiole va continuer à être portée jusqu’après la guerre 1939-1945. Son évolution sera marquée par une diminution progressive extrême de ses proportions, jusqu’à devenir un simple petit papillon de tulle, d’où son sobriquet. La seconde coiffe à apparaître dès le premier quart du XIXe est la Poupette. Son aire sera nettement plus réduite que celle de la Catiole. Dans les informations que nous avons, on ne la retrouve que dans la partie orientale du terroir rennais de Vitré à Janzé, Martigné-Ferchaud, La Guerche de Bretagne… Elle-même de belles proportions, son déclin s’opère dès la fin du XIXe siècle.

Ci-dessus : vers 1848, femmes de Corps Nuds, lithographie de François-Hippolyte Lalaisse (détail)

Une troisième coiffe fait son apparition dans la seconde moitié du XIXe, c’est la Polka ou Marie-Louise. Elle a l’allure d’une coiffe d’artisane mais se répand très vite dans tout le terroir et même au-delà (Poudouvre, Pays de Dol et de Saint-Malo). On la retrouve partout, portée en concurrence avec la Catiole mais sans jamais la supplanter.
Enfin, contrairement à la plupart des terroirs, ce n’est pas forcément la coiffe que l’on a quittée en dernier. Un certain nombre de femmes ont continué à se coiffer traditionnellement (résille, coiffure à bandeaux et catogan), même à porter le costume traditionnel complet mais en ayant « remisé » la Catiole ou la Polka.
Michel Guillerme

A droite : évolution  maximum de la  Catiole (années  1920). Collection  Michel Guillerme
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À gauche : jolie jeune femme de Rennes parfaitement coiffée à la mode rennaise, mais la coiffe n’y est plus ! A droite : femmes de La Guerche de Bretagne portant la Polka. Collection Michel Guillerme
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Principaux collecteurs

• Simone Morand, dans les années 1930
• Association La Bouëze (Pierrick Cordonnier…) à partir des années 1970

Bibliographie

• Choleau Jean, Costumes et chants populaires de haute-Bretagne éditions Unvaniez Arvor, Vitré
• Collectif, Ille-et-Vilaine, Encyclopédie Bonneton, 1999
• de Mauny Michel, L’ancien comté de Rennes ou pays de Rennes, Éditions Roudil, 1974
• Guesdon Yann, Coiffes de Bretagne, Coop Breiz
• Guesdon Yann, Le Costume breton au début du XIXe siècle, le recueil de Charpentier 1829/1832, Skol Vreizh
• Guitton Georges et Volante Richard, Traces, Les Éditions de Juillet, 2018
• Kendalc’h, Livret Stage Terroir 2009 (fiches techniques)
• Kendalc’h, Mariages en Bretagne (p.42, 1919), Coop Breiz
• Martin Christian, Simone Morand : la culture en héritage, Coop Breizh, 2012
• Morand Simone, Anthologie de la chanson de haute-Bretagne, 1979
• Morand Simone, Coiffes et costumes de l’ancien Comté rennais
• Decombe Lucien, Chansons populaires recueillies dans le département d’Ille et Vilaine, éditions Hyacinthe Caillière, 1880
• Orain Adolphe, Chansons de la Haute-Bretagne, éditions Hyacinthe Caillière, 1902

En haut : poupette provenant d’une maison de Vitré (années 1900). Collection Michel Guillerme
En-dessous : femme de Janzé par Gérard Charles, vers 1875 à Rennes. Collection Musée de Bretagne

Discographie

• Apprenez les danses bretonnes, Vol. I, Kendalc’h-Coop Breizh
• Apprenez les danses bretonnes : Terroir Rennais, Vol. 5
• Bardoul Patrick, Musique à danser de Haute Bretagne pour Accordéon Diatonique, CD + livre, 2003
• Danses de toutes les Bretagnes : Le Coglais et le Pays Rennais, Vol. III (DVD+ CD), Kendalc’h-Coop Breizh
• du Plessix Angélina, Rennes en chansons, Chansons et contes de Haute-Bretagne, Dastum
• Epreuve terroir 2010 : pays Rennais, centre de Ressources de Kendalc’h
• M’ner l’Draw : Le Bassin de Rennes, N°1, Livre + CD, La Bouëze

A droite : mariage de Mlle Fourrier avec M. Peltier, Janzé 1894-1895 Collection Musée de Bretagne 

Ci-dessous : Ecole de filles vers 1880 à Janzé. Collection Musée de Bretagne
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