Fiche costume

Le Vignoble, costume de fête et cérémonie 1840-1930

Terroir

Vignoble

&

Groupe vestimentaire

Comté Nantais

Période étudiée

1840-1930

Rédacteurs

Fiche rédigée en 2021 par Michel Guillerme.

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Ci-dessus : jeunes filles de Basse-Goulaine en costume traditionnel complet, années 1880-1900. Sous la devantière et le châle, elles portent un caraco à la mode de leur époque. Collection Michel Guillerme

Groupe vestimentaire

Même si la Loire coule en devenant de plus en plus large avant la traversée de Nantes et la Basse-Loire, se dirigeant vers son embouchure proche, d’un point de vue vestimentaire, elle n’agit en rien en tant que limite. Ce qui constitue de manière élargie l’ancien Comté nantais offre dans ce domaine une très grande homogénéité. Qu’elles soient du Vignoble, du pays de Retz, de Basse-Loire, de Nantes même, du pays entre Erdre et Loire, du pays de la Mée, du pays Mitao, et jusque la Roche Bernard et Guérande, les mises traditionnelles sont très ressemblantes.

Situation géographique et historique

La partie bretonne au sud de la Loire est divisée en deux terroirs : le pays de Retz à l’ouest et le Vignoble à l’est.
À l’est et au sud, les limites du Vignoble sont celles de l’ancien duché de Bretagne, actuellement celles du département de Loire-Atlantique. On borde donc le bas-Poitou et l’Anjou.

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Costume féminin

Ce qui caractérise le costume féminin du Grand-Fougeray à Clisson et d’Ancenis à Redon seront la devantière et le châle. Viendra ensuite la coiffe, élément emblématique s’il en est.
Dans le Vignoble, la devantière (tablier) est identique à celle des terroirs voisins du Comté nantais. Sa très grande bavette la plupart du temps baleinée, de style bustier ou fermant avec différentes sortes de liens en fait sa marque spécifique. Il enserre rigoureusement le buste et se fixe haut sur les plis du châle. Les bas de tabliers sont soit droits soit arrondis sans règle définie. Les étoffes employées sont toujours de qualité, de la soie très souvent, du satin, des brochés, taffetas, moire. Majoritairement noirs ils sont chatoyants, ils peuvent être de couleur et c’est le ton « pain brûlé » qui a la grande faveur.

Partout et de tout temps, les femmes ont adopté la mode qui leur était contemporaine pour la base de leur vêture, les robes complètes ou les hauts et jupes.
On remarque ce phénomène dès la première partie du XIXe. La coiffe de la femme en costume de travail est l’ancêtre de la Dormeuse, on en retrouve les éléments importants (le devant, la passe, le fond, le pignon et le dalais).
Dans les détails de la jupe provenant du Bignon, plus tardive, de la fin du XIXe siècle, on appréciera cependant quelques éléments locaux.

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Voici une lithographie extraite du livre de Yann Guesdon
Le costume breton, recueil de Charpentier 1829-1832. Ces deux femmes du Loroux(-Bottereau), une en costume de grande cérémonie, l’autre en costume de travail, portent des vêtements de base à la mode de leur époque. Bien sûr on remarquera la belle devantière bien nantaise, avec déjà sa grande bavette.
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Godrons à l’arrière d’une jupe du Bignon (fin XIXème).
Collection Michel Guillerme
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Bas doublement passepoilé de jupe avec sa balayette d’une jupe du Bignon (fin XIXème. Collection Michel Guillerme)

Les châles sont petits, ils se présentent presque toujours  en triangle, certainement plus aisés à fixer et le prix élevé  des étoffes employées en étaient grandement la cause.  Ces châles sont toujours de couleur. On y trouve quelques  pièces en velours, quelquefois brodé ou frappé. Nombreux  ont été ceux vendus pas les colporteurs, ils sont en soie  tissée aux couleurs lumineuses, violet, bleu, ocre. Les plus  anciens sont bordés de franges assorties aux couleurs du  châle, puis la dentelle du Puy rehaussée de rinceaux de jais  s’est imposée. On trouve des petits châles, carrés de style  cachemire avec réserve, ou plus simplement en faille de  laine imprimée. Petits, ces châles sont portés court dans  le dos, fixés par quatre plis, s’abaissant sur la poitrine avec  trois plis recouverts par la grande bavette. 
Le costume complet s’est porté jusqu’à la Grande Guerre,  principalement par les femmes âgées pour terminer. La  grande époque, pour les dernières modes se situe des  années 1860 au début du XXème siècle. A partir de ce moment les jeunes femmes ont délaissé châles et devantières  pour apparaître en taille. La coiffe elle a perduré  nettement plus tardivement.

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Détail de devantière de Vallet, la couleur la plus prisée. Cliché Véronique Combe.
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Devantière de la fin du XIXe de soie moirée, portée à la rencontre du pays de Retz et du Vignoble. Collection Michel Guillerme
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Fonctionnalité 3

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A gauche : petits châles en  soie à motifs floraux  du milieu du XIXéme  provenant de Saint-  Sébastien-sur-Loire.  À cette époque les  franges sont de fils  de soie assortis aux  couleurs du châle.
En haut à droite : petit châle déplié en soie tissée de Lyon appartenant à une femme d’Aigrefeuille, plus tardif que les précédents, la dentelle du Puy a remplacé les franges.
Au-dessous : pour le jour de son mariage, la jeune femme porte volontiers un châle en tulle brodé blanc. En voici un de Remouillé.
Collection Michel Guillerme

La coiffe

Comme pour tous les terroirs du Comté nantais, dans le Vignoble la coiffe appelée Dormeuse se décline à la fois dans le temps et dans l’espace, double phénomène qui se retrouve rarement dans le reste de la Bretagne. Cette dormeuse ressemble beaucoup à celle des paroisses de la ville de Nantes, et même pour les connaisseurs, il est souvent difficile de les différencier. Pour l’amateur, ses différentes versions sont parmi les plus belles du grand terroir. Cela s’explique par le fait qu’elle est restée de grandes dimensions, qu’elle est entièrement paillée (120 pailles sont nécessaires), qu’elle possède son dalais (dentelle sous le pignon) et que celui-ci est très souvent gaufré, et que pour finir lorsqu’elle est brodée, cette dormeuse l’est magnifiquement en autant de petits chefs d’oeuvre inspirés des broderies tourangelles, les plus fines et les plus belles dit-on.
La dormeuse est dite « paillée », après le démontage, le lavage, l’amidonnage, la lingère travaille le fond avec des pailles (autrefois des tiges de guinche, remplacées par la suite par des tiges métalliques) pour lui donner cet aspect. Le paillage est dit « à coeur » quand les chevrons sont bout à bout ou à « contre-coeur », les chevrons sont décalés.

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1 - Dormeuse du Loroux-Bottereau. Le Dalais est plat. Les broderies sur le pignon et la passe en parure représentent des grappes de raisin, nous sommes dans le terroir du Muscadet. 2 - Dormeuse de Pont Saint-Martin (dalais plissé) 3 - Dormeuse aux sept fleurs, de mariage de Clisson (dalais gaufré) 4 - Dormeuse de Beautour (commune de Vertou mais aux portes de Nantes) On y voit la cuve ou fond à la mode nouvelle, descendante. Collection Michel Guillerme
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5 - Dormeuse en oxford de Vallet, contrairement à celle de Beautour et des nantaises, elle est dite « piquée », à savoir que la cuve ou fond est droit en continuité de la passe. C’est aussi la mode de Clisson. 6 - Coiffe paillée en calicot, un rare exemplaire 7 - Dormeuse de mode du vignoble breton, Landemont, en Anjou 8 - Dormeuse de mode nantaise plus particulièrement du Vignoble breton en bas-Poitou. Les femmes de Boufféré, des Brouzils, de La Bruffière…portaient cette coiffe identique à celle de Clisson (curieusement, la broderie du pignon avec des motifs en araignée est dite « à la bretonne »). Collection Michel Guillerme
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À gauche : pignon brodé (mariage) d’une dormeuse du Bignon. À droite : cuve ou fond d’une dormeuse du Pallet, on y voit le paillage « à contre-coeur ». Collection Michel Guillerme
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Lingère-pailleuse était un métier véritable qui nécessitait deux années d’apprentissage, selon Paul Masson. Chaque lingère respectait la mode de la paroisse ou de la commune
de sa cliente mais par son savoir-faire, elle pouvait y mettre sa discrète touche personnelle… Cette dormeuse dont on a évoqué les qualités s’est imposée au-delà des limites du Vignoble breton, comme dans l’Anjou à Landemont et Torfou et en bas-Poitou, à Boufféré, Les Brouzils, La Bruffière…
Aux côtés des dormeuses les femmes pour les activités domestiques portaient la Câline plissée à l’eau ou le bonnet de travail. Et comme en Basse-Loire et pays de Retz principalement, les femmes en deuil ou veuves âgées portaient des coiffes aux larges rubans noirs.

Ci-contre : charmants profils de Saint-Fiacre. Collection Michel Guillerme
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Jeunes femmes de Vertou. Collection Michel Guillerme
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Costume masculin

Il est difficile voire impossible de trouver trace d’un costume masculin spécifique, les hommes de longue date, à l’instar des autres terroirs de haute-Bretagne ayant adopté la mode citadine en vigueur. René-Yves Creston parle d’un costume particulier vu à Saint-Julien-de-Concelles, il a d’ailleurs donné lieu à des reproductions. Pour quelles raisons ce costume qui s’apparente grandement à un costume de mode dardoup (gilet de velours noir échancré en carré, ceinture de flanelle bleue, présence de bragoù bras…) s’est-il retrouvé ici ? Nul ne le saura jamais.

Ressources

• La dormeuse ou l’art de la coiffe nantaise, Propos et croquis de Paul Masson, éditions du Pays de Retz Paimboeuf
• Choleau Jean, Costumes et chants populaires de haute-Bretagne, éditions Unvaniez Arvor Vitré
• Guesdon Yann, Coiffes de Bretagne, Coop Breizh
• Stani-Gauthier, Folklore de Loire-Atlantique Les Costumes, 1958
• Anthologie de Coiffes et Types Actuels du Peuple Breton, dessins documentaires de Noëllie Couillaud, éditions de la Bretagne touristique Saint-Brieuc
• Guesdon Yann, Le Costume breton au début du XIX ème siècle Le recueil de Charpenthier 1829-1832, éditions Skol Vreizh

Homme de Varades lithographie, extrait, Charpentier. Voilàce à quoi pouvait ressembler un homme du Vignoble vers 1830. Dans le contexte de l’époque, ce costume ne présente aucune particularité.
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A gauche : carte postale représentant une femme de Rocheservière.
A droite : cartes postales de femmes de Clisson. Collection Michel Guillerme